Chacun des participants a expérimenté une approche différente dans leur processus d’immigration. Comme le souligne Mme Lopez qui le voit encore régulièrement dans son travail comme agente à l’immigration : « Ça dépend de ton pays d'origine, ça dépend du type de visa que tu as, ça dépend du type de permis, ça dépend si ton pays a une [entente] spéciale […] avec Canada ou avec juste Québec. Donc, il y a toujours des choses différentes. » Ce n’est pas toujours lors de la première demande que l’immigrant, la famille ou le couple, est accepté par l’IRCC (l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada). Cette approbation dépend de plusieurs facteurs : le type de demande, la période à laquelle elle a été effectuée, les changements apportés aux visas, leurs types et le pays où émane la demande. Encore une fois, selon Mme Lopez : « […] en tant que Mexicains, à l'époque, on avait besoin d'un visa […] Maintenant, tu as juste besoin d'une autorisation de voyage. […] C'est différent. Car un visa, ça prenait comme six mois d'attente et comme une centaine de dollars à avoir. Une autorisation de voyage, ça prend trois jours et ça coûte 17 dollars. […] Donc c'est complètement différent. Mais en 2015, il y avait des visas. »
Le plus facile reste sans doute la demande d’un permis vacances-travail, surtout pour ceux qui n’ont jamais immigré auparavant. Pour Paul Drouot, la première demande fut la plus facile : « […] je fais cette demande-là parce que j'ai rien à perdre. Puis je me dis, ben tu sais, pourquoi pas? […] Puis j'étais jamais venu au Canada avant. Donc je demande le permis de vacances-travail. […] Je suis chanceux parce que l'année où je demande, c'est là où ils viennent de changer le système de fonctionnement. » Paul retourne en France après son premier séjour, mais il veut revenir au Québec. Cette fois, c’est pour y entreprendre des études, mais la pandémie l’empêche d’aller de l’avant. Il prend le temps de ramasser un certain capital, mais malgré cet argent accumulé, une garantie supplémentaire est nécessaire pour valider sa demande : « […] j'ai fait mes démarches depuis la France. Il y a eu tout un enjeu au niveau du financement aussi, parce qu'il fallait justifier que j'avais déjà la capacité financière de mes trois années d'études. » Finalement, c’est en se trouvant un bailleur de fonds qu’il est accepté au Canada.
Il n’est pas le seul à éprouver des difficultés. Dans le cas des Salomon, leur demande d’immigration a été acceptée, mais c’est le processus de citoyenneté qui a été plus compliqué. Arrivé pour de bon au Québec en juillet 2001, il échappe de peu à une fermeture temporaire des frontières : « En fait, quand on est revenu au mois de juin, juillet, peut-être ? Dans ces eaux-là . On a dit tout de suite on va aller déposer notre demande de citoyenneté. […] parce que c'était clair pour nous qu'on voulait devenir Canadien. […] Puis malheureusement, le 11 septembre 2001 est arrivé. » Thierry Salomon. Pour le couple et leurs enfants, le processus est repoussé à une date ultérieure, le temps que les autorités américaines évaluent leur dossier : « Car tous les papiers partaient à New York, aux États-Unis, pour vérification à l'époque […] parce que de la province, ça a pris six mois et c'était réglé. […] Mais les papiers fédéraux […] partaient là -bas à l'époque. » M. Salomon rajoute : « Les Américains ont voulu […] regarder tous les dossiers d'immigration qui rentraient en Amérique du Nord. […] puis là , ça a traîné, ça a traîné […] on avait un avocat de la compagnie qui nous avait aidés à faire les papiers et tout, donc qui suivait notre dossier. Et puis lui aussi, il était désespéré parce qu'il dit « Écoute, on n'a aucun contrôle, tout est parti aux États-Unis. » Moi j'ai encore des papiers qui sont « stamper » gouvernement américain ! ». Si Thierry Salomon a conservé son emploi pendant cette période, ce fut différent pour son épouse, Sandrine Peugeot, qui n’avait pas de permis de travail : « Ça a été long avant que je puisse travailler. Moi, j'ai juste un permis de visiteur. Et je me suis forcée à aller faire du bénévolat à l'école où étaient les enfants, à la bibliothèque, tsé pour connaître du monde, pour voir du monde. C'est pas [de] resté chez soi, non plus, tout le temps enfermé, parce que sinon là ... » Après plus de sept ans d’attente, le couple et leurs enfants obtiennent la citoyenneté canadienne en juillet 2008.
Lorsque le processus est réalisé en couple ou en famille, il n’est pas inhabituel que le conjoint n’ait pas autant de liberté. Pour Diana Lopez, la situation était double, ne parlant pas français : « Oui, [il] était comme plus relax de ce côté. Lui avait quand même... certaines « courses » à prendre […] Mais [je suis] arrivé en tant que « visitor ». […] Ça veut dire je [ne] pouvais pas aller à l'école […] je [ne] pouvais pas prendre des cours de francisation, je [ne] pouvais pas travailler. […] Donc, on a une amie mexicaine qui aussi son conjoint était à l'université McGill et moi, on était les deux, toutes seules, toute la journée, à rien faire, juste comme, aller à l'épicerie. » C’est dans ces lieux publics qu’elle apprend petit à petit le français. « […] j'ai commencé toute la préparation pour avoir mon permis de travail. Comme on était déjà ... À Québec, et mon mari avait son permis d’études, ça a pris... Juste trois mois. C'était pas mal rapide. À ce moment, j'ai commencé à prendre les cours de francisation en temps partiel […] »